Ce lundi 21 février, se tenait devant la Cour d’Assises de Lyon, le deuxième jour du procès d’un Guadeloupéen âgé de 23 ans accusé de viols, tentatives de viols et violence commises sur quatre prostituées lyonnaises. Elles ont chacune livré leur témoignage glaçant face à un jeune homme à la personnalité narcissique empêtré dans ses propres contradictions.
En mai 2019, des prostituées lyonnaises qui exercent à Lyon, du côté du quai Perrache (2e) ou à Gerland (7e), vont au travail la peur au ventre. Plusieurs d’entre elles ont été victimes d’un homme avec un sac à dos se présentant comme un client. Il profite de ce qu’elles lui tournent le dos pour les immobiliser par étranglement ou en menacer d’autres avec un couteau. Il leur disait : « Je ne te ferai rien si tu me laisses te violer ». Il s’excusait même en partant.
Il avait laissé son préservatif
« J’ai accepté la relation sexuelle en priant qu’il me laisse vivre », confiait l’une d’elles, ce lundi, à la Cour. La mère de famille trentenaire qui se prostitue depuis l’âge de 20 ans, n’avait jamais été confrontée à une telle agression avec strangulation. C’est notamment grâce à elle que l’ADN du présumé auteur a été recueilli. Elle avait accepté un rapport avec un préservatif qu’elle avait ensuite confié aux enquêteurs. Quelques semaines plus tard, l’accusé avait été interpellé pour un outrage sur un agent TCL. Un arrestation qui avait permis de faire le lien.
Les récits glauques des victimes se succèdent à la barre. Une prostituée raconte l’histoire sordide des contraintes sexuelles qu’elle a subies sous des arbres, derrière les manèges de la Vogue de Confluence, menacée d’un couteau. SI les quatre victimes l’ont formellement reconnu derrière une glace sans tain, le jeune homme réfute tout en bloc depuis le début de la procédure. Il préfère minimiser les faits et affirme qu’il n’y a pas eu de rapports sous contrainte.
« La vérité, on essaie de l’approcher, mais on ne l’a jamais véritablement »
Depuis le box des accusés, il se défend malgré les contradictions qu’il a livrées à plusieurs reprises aux enquêteurs et au juge d’instruction, expliquant avoir eu peur au départ. Une posture qui interroge la Cour et l’avocat général qui va jusqu’à lui lancer : « On a le droit de mentir, même à votre place ».
Pour les avocats des parties civiles, Isabelle Nabucet et Maxence Pascal, « l’incohérence de dires de l’accusé est une stratégie ». Quand la présidente lui demande : « Ces cinq femmes mentent ? » L’accusé répond : « Je ne dis pas qu’elles mentent sur les faits, mais que cela soit moi ».
Selon ses avocats, dans ce genre d’affaire judiciaire, « la vérité, on essaie de l’approcher, mais on ne l’a jamais véritablement ». Ils rappellent que personne n’a été témoin des faits. « Il va falloir se rapporter à la parole des unes contre celle d’un autre », ajoute Me Mehdi Mahnane. L’expertise psychologique de l’accusé met en exergue « une grande immaturité, une personnalité narcissique avec des failles, mais pas de maladie mentale », qui expliquerait son comportement.
La clôture des débats et le délibéré sont programmés ce mardi après-midi avec un verdict attendu dans la soirée.