Tentative d’assassinat conjugal : « Pendant 5 secondes, j’ai voulu la tuer »

Source
Le Dauphiné Libéré

La confirmation de la première peine de 25 ans de réclusion criminelle avec 16 ans de sûreté a été réclamée, en appel, au procès de la tentative d’assassinat conjugal dont répond un Kosovar de 40 ans devant les assises de la Savoie. La cour et le jury délibéraient toujours, jeudi 23 mai en début de nuit, à l’heure où nous mettions sous presse.

L’avocate de la victime, Me Michèle Blanc et l’avocate générale, Nathalie Parot, qui a requis la confirmation de la première peine de 25 ans de réclusion criminelle.  Croquis d’audience Emmanuelle Paolillo

Kenan Tran, 40 ans, avait été condamné à 25 ans de réclusion criminelle avec 16 ans de sûreté, à son premier procès devant la cour d’assises de la Haute-Savoie, en juin 2023, pour la tentative d’assassinat de son ex-compagne, commis le 19 août 2020, sous les yeux de leurs enfants, âgés de 8 et 3 ans. C’est cette même peine qu’a réclamée, en appel, au nom de l’accusation, l’avocate générale Nathalie Parot, jeudi 23 mai, devant la cour d’assises de la Savoie, où comparaît le Kosovar depuis mardi 21 mai. Elle a ajouté, à l’emprisonnement, 10 ans de suivi sociojudiciaire et une interdiction définitive du territoire français.

25 ans pour Daval, 20 ans pour Lelandais…

« La bête est morte… », ont commenté, à la défense, Me Maxence Pascal et Me Fadila Tabani-Surmont, qui ont estimé ces réquisitions d’autant plus excessives qu’à Annecy, l’accusation s’était prononcée en faveur d’une peine de 20 ans de réclusion, alors que l’accusé niait encore en rejetant la responsabilité des blessures sur la victime. Ils ont aussi rappelé que 25 ans est la peine qui a été prononcée contre Jonathan Daval, pour le meurtre de sa conjointe, et que Nordahl Lelandais a été condamné, lui, à 20 ans de réclusion pour le meurtre du caporal Noyer. « Kenan Tran ne mérite pas cette peine ni au regard de sa personnalité ni au regard de son passé judiciaire », a développé Me Pascal.

« J’ai eu l’impression qu’il allait me couper la tête »

Avant que les jurés ne se retirent pour délibérer, Kenan Tran a demandé pardon à son ex-compagne et à ses enfants, qu’il a tous nommés par leurs prénoms, pour la première fois depuis le début du procès. C’est au cours de cette dernière journée d’audience qu’il a livré son récit des faits. Mis dehors de l’appartement de sa compagne, il s’était présenté, le 19 août 2020, très alcoolisé et sous médicament opiacé, au 15, boulevard du Fier, à Annecy, où elle vivait avec leurs deux enfants, « pour voir » les petits. 

Dans la cour de l’immeuble où son ex-compagne surveillait les enfants en train de jouer, le courteau de boucher acheté quatre jours avant était tombé de son

pantalon et ils se l’étaient disputé, selon lui. D’après elle, il était arrivé en courant vers elle, couteau à la main, pour la ceinturer par-derrière et directement l’entailler profondément au cou. « J’ai eu l’impression qu’il allait me couper la tête », s’était-elle souvenue. Il a reconnu clairement, qu’à « ce moment-là, oui, pendant cinq secondes » il avait « voulu lui donner la mort ». Tout en contestant la préméditation, la préparation de ce geste d’égorgement.

L’avocate générale ne l’a pas cru. « Ce n’est pas une reconnaissance des faits pleine et entière. Ce n’est pas une situation qui dérape après une rencontre fortuite. Il l’avait dit : on ira tous les deux en prison ou on mourra tous les deux. Il voulait la tuer, il l’a pensé avant, il l’a menacée et il s’est donné les moyens d’y parvenir. C’était sa chose, elle n’avait pas le droit de le quitter, sinon il la tuait. »

« La préméditation, oui, elle est d’une évidence biblique »

L’avocate de la victime, Me Michèle Blanc a partagé cette analyse. « La préméditation, oui, elle me paraît d’une évidence biblique. Cela a été l’aboutissement d’un long processus d’emprise et de harcèlement » qu’elle a décrit. Elle a retenu « la cruauté » de l’accusé disant à sa fille de 3 ans d’aller faire « un bisou à maman car elle va mourir » alors qu’elle gisait dans une mare de sang.

« Ça ne colle pas ! », a souligné Me Tabani-Surmont au sujet de la construction du projet de meurtre. « Quand on prémédite un tel acte, est-ce qu’on va consommer 2,58 g d’alcool et prendre des médicaments, et est-ce qu’on va commettre les faits à un moment où les gens rentrent chez eux ? » La défense a plaidé la culpabilité pour le meurtre et pour une peine amoindrie en soulignant que Kenan Tran s’était montré, au procès d’appel, « sur le chemin du repentir ». Dans la soirée de jeudi 23 mai, les jurés délibéraient toujours.

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