Poignardée par son ex-compagnon : « J’essayais de reprendre ma liberté », raconte la victime

Source
Le Dauphiné Libéré

L’ex-compagne de l’accusé, survivante de l’agression au couteau du 19 août 2020 à Annecy, a décrit aux jurés le parcours effrayant qui l’a conduite à partir du Kosovo pour chercher refuge en France. Pour lui, il s’agissait d’une « vie de couple normale avec de bonnes relations ».

La victime témoigne, aidée par une interprète, en étant confrontée à son ex-compagnon, l’accusé, défendu par Me Maxence Pascal et Me Fadila Tabani-Surmont. Croquis d’audience Emmanuelle Paolillo


L’ergothérapeute de 32 ans raconte comment, le 19 août 2020, en arrivant dans la cour du 15 boulevard du Fier, à Annecy, où une femme ensanglantée gît au sol près d’un homme passif et calme, elle est prise d’une fulgurance. Elle monte chez elle, prend des linges, redescend et conseille à la victime de faire, avec les tissus, un point de compression à sa gorge coupée sur 12 centimètres d’un coup de couteau. Son idée va sauver la vie de la mère de famille trentenaire qui vient d’être poignardée par son ex-compagnon sous les yeux de ses enfants.

Quatre ans après, au procès en appel de son affaire, la survivante se lève, embrasse et remercie une fois encore ce témoin providentiel en lui serrant les deux mains. Pendant plus de deux heures, cette femme raconte ensuite un calvaire qui a abouti en scène de crime. Elle a connu Kenan Tran, 40 ans aujourd’hui, en 2009. Une relation amoureuse au tout début. Elle vivait au Kosovo et lui, la plupart du temps à l’étranger, en Suisse notamment. Elle était devenue, à l’entendre, l’épouse des vacances au pays, comme d’autres y conservent une résidence d’été.

« Il m’a prévenu qu’il allait me faire sauter du balcon »

Un premier enfant, en 2012, une deuxième grossesse en 2017. C’est là qu’elle est partie pour trouver refuge en France. Car, elle dénonce des viols de son beau-père qui l’aurait contrainte à se prostituer et des abus sexuels son ex-compagnon. Elle a fui. Kenan Tran s’inscrit en faux. Il évoque de « bonnes relations », à l’opposé du récit de la victime. « Une vie de couple idyllique », résume le président Yves Le Bideau.

Elle est arrivée en France en 2017, enceinte à terme. Elle a cherché asile, elle l’a trouvé et obtenu un titre de séjour. « J’ai essayé de toutes les manières de reprendre ma liberté » assure-telle. Il la contredit, en livrant la version d’un plan commun, d’un départ séparé pour la France, le premier obtenant l’asile pouvant obtenir des papiers pour l’autre. Car Kenan Tran n’était plus bienvenu en Suisse.

Enfin seule avec ses petits, elle assure qu’à son arrivée sur le territoire français, elle n’avait qu’une peur : qu’il la retrouve. Ce qui s’est passé. Dans son récit à elle, il serait parvenu à la géolocaliser par son téléphone. Menaces, pressions, il s’est « imposé » chez elle en juillet 2020. « Il s’est installé dans mon appartement sans mon consentement. Au départ, il a joué le jeu, il ne buvait pas d’alcool. Puis, il a repris les pressions sur moi, les violences. Il était jaloux de moi et des enfants. Il m’a prévenu qu’il allait me faire sauter du balcon. »

Finalement, à la mi-août 2020, à un moment où il est allé faire des courses, elle l’a enfermé dehors. Elle s’est terrée pendant deux jours. Puis, les enfants de 3 et 8 ans ont eu besoin de prendre l’air. Elle les a accompagnés dans la cour. C’était le 19 août. Elle l’a vu arriver avec, à la main, ce grand couteau qui circule, encore ensanglanté, sous les yeux des jurés. « Il était derrière moi, il m’a mis le couteau à la gorge avec beaucoup de force. Et il m’a dit : “Ça, c’est pour te montrer que tu es à moi”. » Le directeur d’enquête, commandant de la brigade criminelle à la police judiciaire d’Annecy, parle pour cela de « crime possessionnel ». Des faits de plus en plus fréquents, selon lui. « Il n’a pas supporté qu’elle le rejette et il est passé à l’acte sous les yeux de six enfants, dont les deux siens. »

Kenan Tran doit être entendu sur les faits jeudi 23 mai. Avant le réquisitoire, les plaidoiries et le verdict en début de nuit.

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