L’homme de 34 ans jugé depuis lundi par la cour d’assises de l’Isère pour des viols sur une ex-compagne et deux ex-compagnons, certains commis avec des chiens, mais également pour sévices sur des animaux et détention d’images pédopornographiques a été condamné ce vendredi à la réclusion criminelle à perpétuité.
« Ce n’est plus lui qui fixe les règles, c’est fini. C’est désormais la justice des hommes. » C’est ainsi que Me Arnaud Levy-Soussan avait résumé, jeudi soir, la tâche qui attendrait la cour d’assises de l’Isère le lendemain. L’avocat grenoblois avait accompagné cette phrase d’un regard vers le box et l’homme accusé d’avoir violé son client. Accusé aussi d’avoir violé un autre ex-compagnon et une ex-compagne en leur imposant notamment des actes sexuels avec des chiens, d’avoir exercé des sévices, dont certains de nature sexuelle avec des animaux et d’avoir détenu des images pédopornographiques par dizaines de milliers.
« Juridiquement, ce sont dix crimes et délits. Mais dans la réalité, personne ne peut comptabiliser le nombre d’actes de violence, sur des animaux ou sur des êtres humains », a expliqué l’avocat général Philippe Muller qui a dressé le portrait d’un homme « qui se nourrit de la souffrance de ses partenaires ». « Ressentir la souffrance, c’est son carburant », a-t-il appuyé avant d’évoquer les victimes « niées, déconsidérées, déshumanisées, devenues objets ».
« Une mise à mort sociale » pour la défense
« Il ne subit pas sa structure de personnalité, il la vit par choix », a poursuivi Philippe Muller en s’appuyant sur les expertises détaillées la veille par un psychiatre et un psychologue. L’accusé ayant, pour l’avocat général, « un profil de tueur en série », il a estimé qu’« il faut lui interdire toute possibilité de contact avec la société », « Ses limites ne sont pas celles de la loi, de la société et du respect de la vie humaine », a argumenté Philippe Muller pour requérir la peine maximale encourue : la réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une période de sûreté de 22 ans « pour protéger la société ».
« Si vous lui aviez proposé cette peine de réclusion criminelle à perpétuité au début du procès, il aurait signé. Mais est ce que cette peine en serait pour autant juste ? », a répondu Me Maxence Pascal, l’un des avocats de l’accusé dont il a qualifié l’attitude de « suicide judiciaire ». « Il fait partie de notre communauté », a ajouté l’avocat lyonnais en demandant à la cour et aux jurés de ne pas prononcer cette peine maximale qu’il a qualifié de « mise à mort sociale » et qui serait justifiée en partie, pour l’accusation, par le risque que représenterait toujours l’homme pour la société. « La crainte du pire n’est pas mise en évidence par les investigations, a répondu Me Siloé Pocod », la seconde avocate de l’Isérois originaire de région parisienne.
« Il a toujours rêvé d’être normal. Si vous suivez ces réquisitions, vous ne lui donnez jamais la possibilité d’être normale », a ajouté Me Maxence Pascal avant de se tourner vers son client : « Vous n’êtes pas normal. Mais est-ce à dire que vous n’êtes pas humain ? Non ».
L’homme a finalement été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Si la cour d’assises de l’Isère n’a pas prononcé de période de sûreté, elle a en revanche ordonné un suivi sociojudiciaire de quinze ans qui commencera à s’appliquer à sa sortie de prison.