Debout, il a raconté au jury effaré des heures d’humiliations et de tortures, qui ont failli lui coûter la vie. Le témoignage du médecin qui l’a sauvé, lui a redonné le sourire. Et le sens au procès. Verdict ce mercredi.
« Je n’étais pas foutu d’aller chercher une baguette tellement j’avais peur des gens. »
Lundi, Max D., 21 ans, raconte au jury comment il a été broyé par le calvaire subi. Son récit est glaçant. En novembre 2015, le lycéen est menacé à la sortie d’une remise de diplôme, entraîné dans une voiture et séquestré par trois individus qui lui réclament une dette de stupéfiants. Du 5e arrondissement, la voiture passe sous le tunnel de Fourvière, tombe en panne. Il tente de s’échapper par la fenêtre. En vain. » Je pensais que j’allais finir dans une cave « , dit le jeune homme.
Des coups aux humiliations
Des témoins voient un passager en sang, mais rien n’arrête la surenchère de haine et de violence du groupe d’amis aux origines mongoles, qui se retrouvent dans le box de la cour d’assises, encourant la perpétuité.
Des coups, ils passent aux humiliations. La scène dure des heures dans un parc près de Gorge de Loup, qui n’a pas été recherché par l’instruction judiciaire.
Les riverains ferment leurs fenêtres, indifférents au lycéen frappé à coups de pied, à la tête, lacéré au cutter et au ciseau. Transporté vers sa résidence étudiante, à demi-conscient, pour y voler ses effets, il est subitement frappé d’un coup de couteau. Il retire la lame.
» J’ai vu une rivière de sang « , se souvient-il.
Visage en larmes, Max puise au tréfonds de ses ressources pour tout raconter. Jusqu’au coma, jeté sur le trottoir, à l’entrée de l’hôpital Édouard-Herriot (HEH). À 2 heures du matin, la docteure Sophie Debord sort d’une garde de nuit. Anesthésiste-réanimateur, elle sent instinctivement que le corps allongé n’est pas celui d’un étudiant ivre. Elle le retourne, et voit » une plaie pulsative « . Signe d’une artère touchée. Sans choix de la docteure et la réactivité de tout un service à HEH, le lycéen aurait succombé, à quelques minutes près.
Après son témoignage, Sophie Debord et Max échangent un sourire, redonnant au procès un sens, celui du retour à la vie. Dans le box, les trois accusés minimisent, louvoient dans une répartition des rôles discutée. Verdict ce mercredi.